EnjoyPhoenix, cookies ou cupcakes ?

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Depuis sa première vidéo YouTube en 2011, cette jeune lyonnaise a mis en scène une part de son adolescence sur les réseaux sociaux.

Quel miroir de notre société nous tend Marie Lopez, alias EnjoyPhoenix, au travers de ses pratiques numériques ?

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La question du genre

C’est avec un charmant « salut les filles … » que l’écrivaine débute son livre #EnjoyMarie. De la même manière, elle avait ouvert sa première vidéo. Oui, elle s’adresse essentiellement aux filles, aux très jeunes filles de son âge en 2011. Elle aborde les problématiques de coiffure, maquillage et autres mises en valeur de son physique en se prenant pour cobaye. Elle se positionne tout naturellement et cible son public.

L’androgynat n’a pas de place dans son univers. Perçue comme « la bonne copine » en 2011, elle est devenue au fil des années « la grande sœur » d’un public qui lui n’a pas vieilli, mais qui s’est élargi. Aujourd’hui, elle ne compte pas moins de 3,2 millions d’abonnés sur sa chaîne YouTube.

Le rapport à la machine

« Fichier sauvegardé, journée sauvée », « La machine, c’est votre corps » au moment où elle évoque la danse, « mon petit bonhomme de téléphone », « Gros Lulu » et « Petit Lulu » sont ses ordinateurs, l’un portable, l’autre fixe. Ces mots qu’elle a choisi pour son livre, témoignent d’un rapport particulier aux machines. En les humanisant, elle nous parle tout simplement de sa solitude et de son déficit social. C’est un comble, avec plus de 3 millions de fans. Peut-être est-ce le propre des réseaux sociaux ? Elle écrit : « je n’avais vraiment pas eu beaucoup d’amies en classe, YouTube fut un moyen de m’exprimer sur beaucoup de sujets. Une communauté de jeunes filles pour la plupart en mal de vivre qui trouvaient là de quoi s’amuser et retrouver espoir ».

La frontière-écran génère une distance avec son interlocuteur. Et cela facilite le rapport à autrui. Ils s’aiment, mais à distance ! Grande angoissée, perfectionniste, accros à ses fans, monomaniaque, elle avoue ses faiblesses, la technologie qui l’entoure l’aide à se sentir bien.

Le harcèlement

Notre YouTubeuse aborde la question par son expérience de perte brutale de popularité à l’école. Touchante, elle explique ce qui lui est arrivé quelques années plutôt.

Elle a compris la mécanique et est capable de la démonter pour que d’autres jeunes pris dans l’engrenage, trouvent le courage d’en sortir. Elle témoigne de son vécu, donne généreusement ses clés. Elle se garde bien de donner des conseils non ancrés dans sa réalité. Terre à terre, rationnelle, elle n’est ni moralisatrice, ni dogmatique. Elle est juste et entendable par ses pairs, aujourd’hui par des plus jeunes. Oui, elle exerce de son influence dans ce domaine pour dire stop au harcèlement à l’école.

Le pouvoir

Que ce soit face au harcèlement ou au rapport à l’argent, Marie Lopez transmet ses valeurs.

Bien loin de la manière institutionnelle, elle prend toujours en exemple sa vulnérabilité d’adolescente pour exprimer son point de vue. Des adultes pourraient dire la même chose, les jeunes seraient sourds. Elle, elle est légitime et crédible. Elle parle souvent de ses erreurs. Sa manière de penser d’ado est sans détours. Elle est ultra cohérente dans ses incohérences et ses tergiversations sur l’argent, les vêtements, les garçons… Son public a de quoi s’identifier, l’écoute passe, les messages « faites attention à » sont audibles.

Oui, elle a de l’influence, mais pas seulement sur l’achat d’un lisseur, ce serait vraiment prendre la jeunesse pour ce qu’elle n’est pas ! Elle a de l’influence et du pouvoir sur des problèmes graves de société. Elle les aborde avec soin. C’est une fille soigneuse, autant dans son look, que sur le reste.

622 vidéos en 8 ans, 3 livres, Marie Lopez a partagé beaucoup d’elle-même. YouTubeuse adulée, elle participe à la télé réalité. « J’ai appris à danser, j’ai appris à m’aimer », un happy-end qui advient au détour d’une expérience parmi bien d’autres. Marie Lopez avait 16 ans quand elle est apparue sur le net, aujourd’hui elle en a 23. Elle quitte doucement le monde de l’adolescence.

Avec son livre de cuisine sur les pâtisseries, elle se sent changer et entrer dans le monde des adultes. Le web social qui fonctionne au rythme des algorithmes et autres cookies déposés sur nos machines en a fait une reine. On peut s’interroger sur la suite.

Avec la sortie de son livre sur la pâtisserie, en ce mois de mai 2018, saura-t-elle trouver les mots qui en feront une influenceuse … #food ?

 

Pour en savoir plus sur les ados et les réseaux sociaux :

  • La face cachée des ados de Céline Cabourg et Boris Manenti chez Broché.
  • [Vidéo] Les usages du numérique des adolescents : pertinence de l’approche géographique par Elisabeth Schneider, Maîtresse de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication.
  • Comprendre le comportement des jeunes sur Internet pour les protéger – Étude d’Élodie Kredens et Barbara Fontar – sociologues des médias

[CFPJmasterclass]

Cet article a été rédigé par Le Dinosaure du Web dans le cadre du module 3 de la formation certifiante « Community Manager ». Il s’intègre dans la série [CFPJmasterclass].

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