Aujourd’hui, pas loin de 6 millions de Français écoutent régulièrement des podcasts natifs (des programmes qui ne sont pas issus d’émissions de radio, qui ne sont pas des replays mais bien des productions originales). Le podcast n’est plus une tendance, ce n’est plus un média émergent mais bel et bien un usage qui fait partie du quotidien. Et nous le constatons chaque jour au CFPJ où nos formations en la matière sont plébiscitées. Et ensuite ? A quoi ressembleront les podcasts de demain ? Voici quelques éléments de réflexion.
Des podcasts moins longs
Première remarque : la durée des podcasts évolue. Et on observe la même tendance aux Etats-Unis et en France : les épisodes longs (d’une heure ou plus) tendent à avoir un peu moins de succès. Ou, pour le dire plus justement, les podcasts courts connaissent un succès grandissant. D’après une étude Havas Paris – CSA, la part des podcasts de 5 à 15mn a bondi ces derniers mois.
Jusqu’à présent, le podcast faisait figure d’exception en proposant des contenus longs dans un monde où l’information et les récits tendent à se densifier et se compacter. TikTok, Instagram ou, pour d’autres raisons, les reportages radio tendent tous à raccourcir. Le podcast semblait aller à rebours de cette tendance mais, désormais, y cède également. Ou, du moins, le paysage des podcasts natifs se diversifie et les auditeurices semblent apprécier de plus en plus des formats courts.
Cette tendance est importante car elle conditionne la narration même des histoires, la manière de raconter, de mettre en récit son podcast. Et on comprend que d’un point de vue éditorial, la durée d’un épisode va fortement jouer sur la dynamique du récit, sur le montage et, peut-être aussi, sur le propos. On aurait ainsi meilleur compte à faire 10 épisodes de 10 minutes plutôt que 5 épisodes de 20 minutes. Ce paramètre peut nous amener à innover, à raconter autrement, à créer de nouvelles manières de monter et mixer sa production.
Le podcast pédagogique
Autre tendance qui, à nos yeux, semble encore peu exploitée : le podcast à vocation pédagogique. Sur le terrain, au CFPJ et ailleurs, nous constatons l’appétence grandissante de tous les publics pour des podcasts d’enseignement.
Plutôt que de la VOD, préférer de l’audio pour écouter un cours, apprendre via des podcasts spécialement conçus pour cela. Au CFPJ, c’est d’ailleurs un procédé que nous allons utiliser. Et pour comprendre l’intérêt du podcast pédagogique, on peut penser aux pièges des vidéos. Suivre une vidéo pédagogique comme un parcours VOD en e-learning, implique l’usage d’un téléphone ou d’un ordinateur qu’on aura sous les yeux. Et donc implique la tentation de changer d’onglet, d’aller voir ses mails ou ses réseaux sociaux. Autant de possibilités d’être distrait, détourné du contenu que l’on souhaite suivre.
Avec un podcast, en revanche, moins de tentation. On allume son enceinte ou on met ses écouteurs, pas de support visuel. On aura souvent davantage tendance à faire le ménage, cuisiner, se doucher en même temps (comme pour la radio). Des activités qui détournent peut-être moins la concentration (même si cela serait intéressant à creuser d’un point de vue scientifique).
Surtout, le podcast implique du calme, une concentration et un rythme différents. Le podcast profite de la magie du son qui va droit dans l’intime de l’utilisateur, beaucoup plus que la vidéo. Cet accès privilégié à l’intimité implique une mémorisation différente, peut-être plus profonde. 74% des consommateurs réguliers de podcasts reconnaissent que ce type de contenus a pu les faire changer d’avis ou de regard sur un sujet. Le podcast a une vertu pédagogique qui semble incliner davantage à la réflexion, à l’introspection. Voilà pourquoi, au CFPJ, nous allons mettre sur pied des programmes de e-learning à base de podcast et non de vidéo.
Le podcast de fiction
Certaines expériences récentes, comme le podcast de l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft, dressent de nouveaux ponts entre les genres. Dans ce cas précis, Ubisoft a lancé un podcast mêlant analyses d’historien.ne.s et fiction pour raconter la vie à l’époque des Vikings. Un podcast qui nous apprend des choses avec un côté ludique assumé (acteurs et actrices jouent des scènes, bruitages, scénario, aventure, musique). Un podcast qui exploite autant la pédagogie que la fiction.
Et le podcast de fiction est bien un autre horizon du média. On le voit d’ailleurs, en dehors des podcasts natifs. Hondelatte Raconte, par exemple, se nourrit de scènes scriptées interprétées par le narrateur. Des reconstitutions fictionnelles comme on en voit dans de nombreux documentaires à la télévision. France Culture a depuis bien longtemps commencé à explorer le terrain de la fiction sonore qui n’a certes pas attendu le podcast pour éclore mais qui pourrait bien revivre un âge d’or avec l’émergence de ce média.
Le podcast de fiction, donc de création sonore, qui n’a plus une visée journalistique mais artistique est aussi très répandu lorsqu’il s’agit des podcasts « pour enfants ». Je mets ici des guillemets car il m’apparait absurde de cantonner ces productions et plus largement les œuvres pour la jeunesse aux seuls enfants. Et bien avant cela, en France, au tournant des années 2000, les cours de récré pleuraient de rire à l’écoute de ce que l’on n’appelait pas encore un podcast : Le Donjon de Naheulbeuk, parodie sonore des grandes épopées d’héroic fantasy.
Non seulement il y aurait une place pour le podcast de fiction mais, bien plus, ce genre de podcast a déjà une histoire. Voilà pourquoi on peut légitimement penser que cette pratique du podcast va perdurer et fleurir dans les années à venir.
Demain : le podcast d’entreprise ou de marque
J’évoquais le travail d’Ubisoft sur le podcast. Un travail d’autant plus intéressant qu’en plus d’exploiter un lien entre pédagogie et fiction il utilise un troisième terrain de jeu : le podcast de marque, puisqu’il accompagnait la sortie d’une extension d’un jeu vidéo qui se déroule à l’époque des Vikings.
Là-dessus, l’enquête Havas Paris-CSA est éclairante : 87% des auditeurices hébdo de podcasts estiment que ce média est un bon moyen de communiquer pour une marque. Et 78% sont intéressés pour que leurs marques préférées proposent des podcasts. Il ne semble faire aucun doute que le podcast de marque ou d’entreprise est gorgé de possibilités.
Pensons à des podcasts pour faire de la communication interne d’abord. Passer des informations aux salariés, tisser un lien avec eux, en finir avec des mails interminables que personne ne lit.
Pensons aussi à des podcasts tournés vers le grand public pour faire découvrir une marque, son histoire ou les coulisses de la fabrication de tel ou tel produit. On peut imaginer un podcast au cœur de l’équipe de France de Football lors de la prochaine coupe du monde – Les yeux dans les bleus version audio. On peut imaginer une série de podcast au sein de l’Institut Pasteur pour suivre la gestion de crise covid depuis le point de vue des spécialistes.
Sans perdre de vue, bien sûr, le danger d’une telle pratique. Un mauvais podcast, une série hagiographique ou beaucoup trop centrée sur la marque en question aurait assurément un effet terrible sur l’image de l’entreprise.
Car le podcast n’est pas magique. Faire un podcast, cela demande du talent, du travail, de la réflexion, des compétences. Cela s’apprend. Certes, faire une série audio est potentiellement moins lourd et couteux qu’une série vidéo et on peut parvenir à un résultat satisfaisant plus facilement. Mais le podcast n’est pas pour autant un médium facile. L’écrasante majorité des productions en France ne dépasse pas les 1000 écoutes. Il faut garder cela en tête au moment d’entrer dans ce monde de création bouillonnant. Un podcast reste une histoire, et implique donc un point de vue, une écriture, une identité, un caractère, des idées, une ligne éditoriale. En un mot, du sens.
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