A l’origine pensée pour la musique, l’application Musical.ly servait surtout à du lipsync ou du simili-karaoké. Devenue TikTok, elle a rapidement étendu le spectre de ses contenus pour devenir le réseau social à la plus forte croissance ces dernières années. Tout ça en grande partie grâce un algorithme… diabolique ?
Très tôt dans son existence, TikTok a fait parler pour sa capacité à cibler ses utilisateurs. Derrière la capacité de l’appli à proposer les contenus qui nous conviennent, il y a bien sûr un algorithme bien gardé. Grâce à des fuites de documents internes, le grand public a réussi à en savoir un peu plus sur l’algorithme au fil des années, même si les informations divulguées restent parcellaires.
Dans le ventre de la bête
D’abord, on sait que TikTok va analyser chaque vidéo publiée :
- qui apparait dessus (des hommes, des femmes ou des garçons, des filles, etc) ;
- quels objets sont visibles, où se passe la vidéo ;
- quelle est la nature de l’audio (retranscription des échanges)
- metadata (nom de la vidéo, hashtags, description).
TikTok va ensuite plus ou moins booster la visibilité de la vidéo (sa propension à apparaitre sur le fil des utilisateurs) et ce boost va dépendre d’une sorte de score que l’appli attribue au contenu. Pour attribuer ce score, TikTok utilise plusieurs paramètres, très hiérarchisés :
- Taux de re-visionnage
- Taux de complétion
- Partages
- Commentaires
- Likes
TikTok is watching you
En connaissant finement les contenus de ses vidéos, TikTok peut donc savoir exactement ce qui nous intéresse. Si je reste 3mn sur une vidéo de chats dans la neige, TikTok est capable de comprendre que j’aime ça, non seulement les chats mais peut être la neige ou les chats dans la neige (sans parler de la musique) et orienter ainsi le contenu qui m’est proposé. De cette manière, on s’apperçoit que l’appli va évaluer chaque vidéo…mais va évaluer de la même manière chaque utilisateur.
Une enquête du Wall Street Journal tend à montrer que le temps passé sur une vidéo est d’ailleurs décisif. Sur TikTok c’est l’algorithme qui est au centre de l’expérience utilisateur. Encore plus que sur tous les autres réseaux.
Un algorithme plus efficace
Nous avons vu dans les grandes ligne comment fonctionne l’algorithme. Précisons le propos pour comprendre en quoi il est « meilleur » que les autres. S’il est plus efficace, c’est parce que toutes les 5/10 secondes, l’utilisateur donne une information à l’algorithme en changeant de vidéo ou en restant sur la vidéo voire en la revisionnant ou en cliquant ici ou là.
Soyons attentifs, l’utilisateur donne de l’info sur une vidéo et une seule, pas deux ni trois. Une seule. On a donc un recueil de données ultra ciblé. Pensez à Facebook ou Twitter qui présentent sur l’écran plusieurs contenus, plusieurs posts, donc plus difficile à décrypter pour un algorithme (si je reste sur la page, c’est pour lire quel contenu exactement ?). Le passage sur mobile a un peu changé cette tendance. Raison pour laquelle, aussi, Twitter a augmenté la taille des posts. Afin que chaque contenu pris individuellement occupe plus d’espace et que les datas récoltées soient plus lisibles. TikTok est donc le parangon de cette dynamique. Avec deux avantages :
- Pour l’utilisateur : un seul contenu à regarder à la fois, c’est très pratique
- Pour TikTok : l’algorithme a une quantité de données d’entrainement et une qualité de data bien supérieure. En 1h sur Youtube vous visionnerez entre 5 et 10 vidéos soit 5 à 10 points d’entrainements. Sur TikTok, c’est 100, 200, 300 vidéos soit 100, 200, 300 points d’entrainements
On comprend donc qu’au-delà du seul algorithme c’est aussi le format de TikTok, son interface, la façon dont il propose le contenu qui rend plus facile l’exploitation des données. En un sens, TikTok est autant une prouesse éditoriale, qu’une réussite technologique.
Pour aller plus loin :
- Le CFPJ propose une formation sur les nouveaux réseaux sociaux
- Pour faire le point sur TikTok et son utilisation, nous proposons une formation en 3h
- Explorez les formats vidéos des réseaux sociaux de manière concrète et ludique