Comment ça s'écrit, une bonne histoire ? Quels sont les ingrédients à mettre et dans quelles proportions ? Existe-t-il seulement une recette ? Autant de questions qui, sans doute, ne sont pas faite pour trouver des réponses immuables. Mais bien plutôt des questions à travailler sans cesse pour faire naître de bonnes histoires.

Ecrire une bonne histoire : épisode 1, la cohérence d’un récit

comment écrire une bonne histoire ?

Au CFPJ, nous accueillons majoritairement des journalistes et des professionnels de la communication. Si leurs métiers diffèrent sur bien des points, ces différentes corporations se retrouvent tout de même autour d’une question commune : comment écrit-on une bonne histoire ? C’est ce que nous allons voir ensemble au cours de cette série de rentrée que le CFPJ vous propose. 4 épisodes pour faire le point sur ce qu’est une bonne histoire.

D’abord, il faudrait savoir ce que l’on entend par « bonne histoire » ou même par « histoire ». Ne nous perdons pas d’emblée et décidons donc d’une définition : une histoire serait un récit que l’on estimerait suffisamment intéressant pour être raconté, écrit, publié (au sens large). Et dans le cadre des travaux du CFPJ, on peut même dire qu’un récit ne devient une histoire qu’à partir du moment où il trouve son audience. Journalistes et communicants auront toujours cet objectif premier d’écrire pour être lus. En somme, une histoire ne peut être bonne que si elle est jugée comme telle par un public extérieur. On ne peut pas écrire une bonne histoire en se disant « je vais écrire une bonne histoire ». Tout ce que l’on peut faire, c’est écrire et espérer que le récit sera lu et apprécié. La nuance est importante. Toutefois, la question « qu’est-ce qu’une bonne histoire ? » est pertinente et nous devons toutes et tous nous la poser constamment. C’est ce que nous allons étudier dans cet ultime chapitre qui vise autant à donner quelques clefs techniques qu’à dessiner un horizon à atteindre. Notre objectif : comprendre ce qui fait une bonne histoire, c’est-à-dire une histoire qui mérite d’être lue.

Les parties et le tout

              Nombreux sont les auteurs à avoir disserté sur cette question. Qu’est-ce qu’une bonne histoire ? Aristote apporte une réponse à mon sens décisive dans La Poétique, ouvrage qui traite de l’art poétique, de l’art du récit, de la fabrication de la tragédie, notamment. Que nous dit Aristote ? Qu’une bonne histoire est d’abord affaire de complétude. Une histoire est un tout, avec un début, un milieu et une fin. Et, mieux que cela, chaque partie du récit sert l’intrigue principale. Une histoire est un tout composé de ses parties. Et si vous enlevez ne serait-ce qu’une partie, ne serait-ce qu’une phrase, alors tout s’effondre. La cohérence du récit est ici totale. Voilà un premier enseignement à travailler.

              Ecrivez une histoire avec un début, un milieu et une fin. Deux phrases pour le début, deux phrases pour le milieu, deux phrases pour la fin. Puis retranchez-en une. Si l’histoire tient, alors cette partie n’était pas utile. Si l’histoire ne tient plus, vous comprenez alors que votre histoire était cohérente et que tout ce qu’elle contenait lui était nécessaire.

Notre héros partit de chez lui pour voir le monde.

Son chien et un baluchon pour seuls compagnons.

En chemin, il rencontra un lion qui lui offrit l’hospitalité.

Alors qu’ils dormaient paisiblement, le lion dévora le chien en guise d’entrée.

Au lever du soleil, ne restait qu’un baluchon dans la maison du lion.

Essayez d’enlever une phrase de ce court récit. Vous verrez que le sens en sera obscurci ou que l’histoire n’aura même plus de sens du tout. C’est ça, la cohérence. Tout se tient et chaque partie est à sa place. Pensez aussi aux romans que vous lisez. Qu’est-ce qu’un bon roman ? C’est d’abord un récit cohérent. Rien n’est superflu. Même s’il peut arriver que l’auteur ou l’autrice jette des fausses pistes, la plupart du temps chaque scène éclaire l’histoire d’une manière nouvelle et vous apporte un nouvel élément de compréhension.

              Ce travail sur la longueur d’une histoire, sur la somme des parties et l’importance de chaque partie au service du propos général est essentiel puisque c’est ce travail qui va vous permettre de synthétiser un propos, de résumer, d’aller droit au but sans perdre le sens ni la richesse d’un récit. Nous pouvons également songer aux films et séries. Lorsque, par exemple, la caméra s’attarde sur un détail qui se révélera être un élément clé de l’intrigue quelques minutes ou épisodes plus tard. Cette cohérence, nous pouvons aussi l’appeler « unité ». Une bonne histoire est garante d’une certaine unité. Tout se tient, rien n’est « à côté », rien n’est « hors sujet ». Et, lorsque vous écrivez, vous devez garder votre propos en tête. Quel est le cœur de votre propos ? Que voulez-vous raconter fondamentalement avec cet écrit ? La réponse doit tenir en une phrase. Et si chaque partie, chaque virgule de votre récit répond à cette phrase, fait écho au cœur de votre trame, alors vous devriez parvenir à tenir cette fameuse cohérence.

Pour aller plus loin, le CFPJ vous propose des formations sur ce thème :